L'USCIRF exhorte le gouvernement de Biden à désigner l'Inde comme un "pays particulièrement préoccupant"
Dans son rapport 2024 sur la liberté religieuse mondiale, la Commission des États-Unis sur la liberté religieuse internationale (USCIRF) a recommandé au gouvernement américain de placer l'Inde dans sa liste des "pays particulièrement préoccupant" en raison de ses violations "systématiques, continues et flagrantes" de la liberté religieuse. Les chrétiens, qui représentent 2,3% de la population, sont régulièrement ciblés par le régime nationaliste hindou du parti Bharatiya Janata.
Dans son rapport annuel, publié le 1er mai 2024, la Commission des États-Unis sur la liberté religieuse internationale (USCIRF) a révélé que les conditions de la liberté religieuse en Inde "se sont détériorées en 2023".
Sous la direction du parti Bharatiya Janata (BJP), le gouvernement a, selon l'organisation, renforcé des politiques nationalistes discriminatoires, propagé des discours de haine et échoué à endiguer la violence intercommunautaire "qui touche de manière disproportionnée les musulmans, les chrétiens, les sikhs, les Dalits, les juifs et les Adivasis (populations indigènes)".
Face à cette montée de violence, l'USCIRF appelle le gouvernement américain à désigner l'Inde comme un "pays particulièrement préoccupant" pour ses violations "systématiques, continues et flagrantes" de la liberté religieuse. Une désignation qui expose les pays concernés à des conséquences négatives, y compris des sanctions potentiellement paralysantes.
De plus, la commission a également proposé d'imposer des sanctions ciblées aux individus et entités responsables de graves violations, telles que le gel de leurs avoirs et/ou l'interdiction d'entrée aux États-Unis.
L'USCIRF a également exhorté le Congrès américain à aborder les questions de liberté religieuse et les préoccupations des minorités religieuses en Inde à travers divers moyens tels que des auditions, des séances d'information, des lettres et des délégations. En outre, elle recommande de conditionner l'aide financière et les ventes d'armes à l'Inde à une amélioration des conditions de liberté religieuse, tout en incluant des mesures supplémentaires d'examen et de reporting.
Violations persistantes et flagrantes à l'encontre des chrétiens
En 2023, en Inde, où les chrétiens ne représentent qu'une minorité de 2,3%, "les ONG ont enregistré 687 incidents de violence contre cette communauté". Les chrétiens sont notamment régulièrement emprisonnés en vertu de diverses lois anti-conversion.
Selon le rapport, en janvier 2023, des foules hindoues ont violemment attaqué des chrétiens à Chhattisgarh, dans l'est du pays, en détruisant et vandalisant des églises, et en tentant de forcer des conversions à l'hindouisme. Environ une trentaine de personnes auraient été battues pour avoir refusé d'abjurer leur foi.
Aussi, lors d'affrontements dans l'État de Manipur, en juin dernier, plus de 500 églises et deux synagogues ont été détruites, entraînant le déplacement de plus de 70 000 personnes.
L'USCIRF a également souligné l'inaction du Premier ministre Narendra Modi et du ministre de l'Intérieur Amit Shah face à ces incidents. Ils ont rappelé que l'ONU a demandé des enquêtes plus approfondies sur ces épisodes de violence, mettant en lumière l'incapacité de la police indienne à contrôler la situation.
"En août, la Cour suprême indienne a demandé une enquête sur les violences, arguant que la police avait perdu le contrôle de la situation."
L'Inde est classée 11e sur dans l’Index mondial de Persécution des chrétiens 2024 de l'organisation Portes Ouvertes, qui recense les pays où il est le plus difficile d'être chrétien. Le pays était 31e en 2013, mais sa position s'est aggravée après l'arrivée au pouvoir du nationaliste hindou Narendra Modi.
Salma El Monser